Doctorat sur E. Jelinek

Titre de travail : La récriture des classiques. Goethe et Schiller dans le théâtre d’Elfriede Jelinek (2006-2011)

Directeur de thèse : Ralf Zschachlitz, Professeur des Universités à l’Université Lyon 2
Laboratoire : LCE (Langues et Cultures Européennes, EA 1853, Université Lumière Lyon 2)
Ecole doctorale : ED 3LA, Lyon

soutenance prévue pour novembre 2013

    L’écriture iconoclaste et hautement intertextuelle d’Elfriede Jelinek constitue une véritable mine pour la recherche universitaire qui se plaît, entre autres, à l’identification minutieuse et érudite des renvois intertextuels – un déchiffrage toujours fragmentaire. Mais la « dialogicité » de ses textes s’exacerbe dans sa production dramatique récente avec des pièces qui s’affichent comme des « récritures » des classiques germanophones : on pense notamment à "Ulrike Maria Stuart", travail complexe d’actualisation de la tragédie schillérienne "Maria Stuart" (1800), au "Voyage d’Hiver" (2011), qui revisite quant à lui le cycle éponyme de Schubert (1827), et aux drames dits « secondaires », "Abraumhalde" et "FaustIn and out", inspirés respectivement en 2008 par "Nathan Le Sage" de Lessing et en 2010 par le "Urfaust" de Goethe. Mais que peut-il bien rester des drames, classiques s’il en est, de Goethe ou de Schiller dans les textes d’une dramaturge connue pour son écriture subversive et anti-canonique ? Quels peuvent être les enjeux de la récriture et de l’actualisation de ces textes fondateurs ?
Notre analyse de la ré-exploration contemporaine du patrimoine culturel chez Jelinek se focalise sur la confrontation avec les deux grands monuments de la littérature nationale, Goethe et Schiller, ces « blocs de marbre » que l’artiste viennoise entend « gratter avec ses ongles mous » – vanité de l’écriture ? L’originalité de notre travail consiste ainsi à travailler au plus près de l’actualité de l’écriture de la dramaturge avec un corpus très récent, sur lequel la littérature secondaire est quasiment inexistante. De fait, la récriture du "Faust" de Goethe et celle de "Maria Stuart" de Schiller ne sont pas non publiées : "FaustIn and out" n’est disponible en ligne que depuis le 8 mai 2012, et "Ulrike Maria Stuart" reste à ce jour inédite.
Notre investigation nécessite au préalable une réflexion sur la récriture en tant qu’elle s’inscrit à la fois dans le champ des études intertextuelles et dans celui des études sur la mémoire culturelle. Il s’agira également de cerner la spécificité de cette forme d’écriture dans la production littéraire d’Elfriede Jelinek. Notre travail développe une analyse sur la manière dont le théâtre actuel peut se faire vecteur de réception et de transmission d’un héritage culturel, littéraire et philosophique, même à travers la transgression. Nous nous intéressons non seulement aux modalités de la récriture de Goethe et Schiller, mais aussi à la façon dont les textes de Jelinek font écho à la mémoire culturelle collective de textes canoniques, sur laquelle ils invitent à réfléchir. Notre travail permet finalement de questionner non seulement le rapport d’Elfriede Jelinek au patrimoine classique, mais aussi à sa propre "classicisation".

Mots clefs : théâtre classique, théâtre contemporain, littérature autrichienne, réception, récriture, classicisation.